Le Phaéton entrait dans la rade de Cinaxa. Il avait quitté la cité de Sybaris deux jours plus tôt et ramenait le gouverneur Gildric dans sa capitale. La traversée de l'océan Phaétonique avait été perturbée par une tempête inhabituelle dans ces régions et le navire de Gildric, qui avait résisté tant bien que mal à une pluie torrentielle et des vents très forts, avait subi néanmoins quelques avaries d'importance. En plein orage, soulevé et bousculé par de gigantesques vagues, le navire avait vu un de ses deux mâts éclater en de nombreux morceaux lorsqu'un violent éclair l'avait frappé de plein fouet. Dans la soute, presque la moitié des rames avaient été arrachées, ce qui avait causé la mort d'une dizaine de rameurs tandis que sur le pont supérieur, quelques marins éperdus avaient été happés par de puissantes lames qui les avaient entraînés dans la mer, leurs cris de frayeur et de désespoir étouffés par le terrifiant bruit de l'orage.

   Maintenant que la tempête avait cessé et que Cinaxa était en vue, Gildric, debout sur la proue du vaisseau parmi les débris de bois éparpillés jonchant le pont, pensait à Théodora, la fille du gouverneur Willibert qui, dès leur première rencontre l'avait fortement impressionné. Certes, le gouverneur de Sybaris lui avait proposé sa cadette en mariage mais, bien que plus âgée de deux ou trois ans qu'Alix et peut-être un peu moins belle, Théodora n'en occupait pas moins toutes les pensées du gouverneur de Cinaxa.

   De retour au palais, Gildric fit appeler le général Hildebald et tous deux se rendirent au quai où était arrimé le Phaéton. Après une sérieuse inspection du navire en compagnie de quelques maîtres charpentiers, il fut décidé que le vaisseau serait envoyé dans un entrepôt maritime du port de la cité à des fins de réparation.

   Un peu plus tard, assis à la table de travail du gouverneur, les deux hommes avaient engagé une nouvelle conversation.

   - A-t-on des nouvelles d'Elmadj, demanda Gildric, ma fille a-t-elle oui ou non été vue du côté d'Ixos ?

   - Vue, non, répondit Hildebald mais Elmadj est certain qu'elle se trouve là-bas. Il tient cette information de paysans de la région et m'en a informé par message ce matin.

   Le gouverneur jubilait :

   - Excellent, dit-il, aussitôt qu'Elmadj l'aura ramenée ici je la ferai directement emmener chez le duc à Ethyria et elle sera bien forcée de l'épouser. Norbert m'ayant fait savoir qu'il la désirait toujours pour femme, je dois me concilier ses bonnes grâces et ne pas m'en faire un ennemi maintenant. Le moment n'est pas encore venu où Cinaxa et Sybaris se lanceront ensemble à l'assaut d'Ethyria.

 

   Au même moment, dans la capitale de Meruvia, un étrange conciliabule avait lieu entre le faux-roi et un honorable vieillard. Nerveusement, Norbert de Roncenoir arpentait la salle de réunion tout en ne quittant pas son interlocuteur des yeux. Après avoir écouté attentivement le vieillard, il lui dit :

   - Ainsi donc Medjhal, toi et tes compagnons étiez depuis plusieurs années en résidence surveillée à Naxos ? Tu as finalement pu te soustraire à la surveillance de tes geôliers et tu viens demander mon aide afin que je vous rende vos prérogatives au sein du gouvernorat de Cinaxa ?

   - Oui Monseigneur, mais trois de mes compagnons sont actuellement décédés. Selon les anciennes lois de Phaeton le conseil doit impérativement être composé de sept membres.

   - Aucune importance, répondit Norbert, nous trouverons bien trois nouveaux membres et si tu trouves que les nouveaux venus ne sont pas assez compétents, hé bien... nous nous en passerons et votre conseil sera réduit à quatre membres. Quoi qu'il en soit, je forcerai Gildric à gouverner à nouveau avec le Conseil des Anciens, je ne veux plus qu'il soit le seul maître absolu de Phaeton. je me méfie beaucoup de lui et même si je n'y ai pas beaucoup prêté attention jusqu'ici, il m'a été rapporté des intentions expansionnistes de sa part. Je te rends donc dès cet instant toutes les prérogatives qui incombaient à ta charge auparavant et te déclare à nouveau Grand Maître du Conseil de Cinaxa. Désormais tu seras mes yeux et mes oreilles dans la capitale de Phaeton.

   Tout heureux de la tournure qu'avait prise cette conversation, Medjhal remercia le faux-roi pour cette aide inopinée et l'assura désormais de toute la fidélité du Conseil. Norbert, la mine réjouie, répondit :

   - Et je vais dès aujourd'hui encore faire envoyer un message à Gildric pour le mettre au fait de ton retour à Cinaxa et de la remise en place du Conseil des Anciens. Peut me chaut la mauvaise humeur qu'il ne s'empêchera pas d'afficher mais je pense qu'il est grand temps pour moi d'affirmer un peu plus la suzeraineté de Meruvia sur Phaeton si je ne veux pas d'ici peu me faire surprendre de l'une ou l'autre manière.

   La conversation terminée, le vieillard prenait congé du duc et, le pas lent et le corps légèrement voûté, quittait le palais royal pour se rendre dans sa chambre à l'auberge du port de Suthéria, là où il attendrait un navire en partance pour Cinaxa.

 

*   *   *

 

   Cylin approchait du bourg de Rochegrise. Une demi-journée encore et celui-ci serait en vue. La jeune elfe, qui    dirigeait sa monture au petit trot, se posait des tas de questions. Elle savait que son frère Wyglen se trouvait dans cette petite cité de l'Ouest et on lui avait rapporté qu'il avait été gravement blessé lors de sa tentative avortée d'assassiner la soit-disant Elue, cette Roswyn qu'elle haïssait plus que tout. Ce que Cylin craignait le plus, c'était que soit frère ne fut plus en vie. Si d'autre part il avait survécu à ses blessures, il devait sans doute être retenu emprisonné dans une sombre geôle ? La jeune Elfe ressentit une douleur dans la poitrine, la peur sans doute, oui la peur de bientôt savoir ce qui était réellement advenu de son frère et dans le cas où il serait encore en vie, la peur des moyens qu'elle devrait mettre en oeuvre afin de le délivrer et lui faire quitter Rochegrise.

   Cylin dirigea son cheval vers une vieille ruine de l'Epoque Première afin de s'y protéger des ardents rayons du soleil et se restaurer quelque peu.

   - Une ancienne construction érigée par les Nains il y a plusieurs centaines d'années, sans doute, pensa la jeune Elfe, ma dernière halte avant Rochegrise.

   Après s'être mise à l'abri entre deux murs à moitié effondrés, la fille de Temwyel ouvrit sa besace et en sortit un petit morceau d'antilope cuite la veille lorsqu'une femelle n'avait pas échappé à sa flèche meurtrière. Après avoir mangé, Cylin secoua son outre d'eau et fit la grimace.

   - Presque vide, constata-t-elle, heureusement que Rochegrise n'est plus qu'à deux ou trois heures. Je pourrai mieux étancher ma soif une fois arrivée sur place.

   Après avoir bu une petite gorgée d'eau, la jeune Elfe replaça l'outre dans son sac puis se mit à inspecter les environs. Aucune rivière ne coulait dans la région et aucun point d'eau n'avait été érigé par les caravaniers qui passaient régulièrement dans la région. Cylin s'avanca vers son cheval qui broutait quelques herbes à moitié desséchées et lui caressa l'échine un moment tout en lui disant :

   - Mon bon compagnon de route, heureusement que tu as pu boire ce matin, je te ferai soigner en arrivant à Rochegrise.

   Quelques instants plus tard la fille d'Illieen et de Themwyel reprenait le chemin en direction du gros bourg de l'Ouest. Vers le début de l'après midi Rochegrise était en vue et, ce qui étonna cylin, fut de voir quelques compagnies de soldats Meruvien patrouiller dans le coin.

   - Voilà sans doute qui pourrait compliquer ma tâche à sortir Wyglen d'ici, se dit la jeune Elfe, en tout cas je dois rester calme et surtout ne laisser aucune inquiétude transparaître.

   Dans le centre du bourg, une pancarte oscillant légèrement sous une très légère brise et attachée par le haut sur le devant d'une importante bâtisse, attira son attention.

 

Auberge du Smilodon

Chambres pour voyageurs

 

   - Et bien voilà ce dont j'ai besoin assurer mon séjour ici. En tout cas Je ne dois pas me faire remarquer si je veux éviter une mésaventure comme celle qui m'est arrivée à Nelyth.

   Un peu plus tard, Cylin entrait dans l'auberge. Après avoir demandé que l'on puisse s'occuper de sa monture, elle alla s'asseoir à la seule table restée libre. La pièce était bondée de soldatesque, de paysans et citadins qui tous ensemble faisaient un grand chahut, mangeant, buvant et riant des histoires que certains contaient tout en faisant des grimaces et des mimiques les plus drôles. Devant toute cette agitation plutôt bon enfant, la soeur de Wyglen se mit à sourire et se sentit en confiance. Assis à une table devant elle, quelques soldats Meruviens lui firent un petit signe amical auquel elle répondit aimablement.

   - Allons, se dit-elle, les gens d'ici ne sont pas comme les voyous que j'ai rencontrés à Nélyth, jusqu'ici tout se passe bien, pourvu que cela continue.

   Bientôt un repas fut servi à la jeune Elfe. Elle apprécia quelques tranches d'un rôti de porc braisé sur feu de bois et avala goulûment la presque totalité d'un cruchon d'eau bien fraîche qui lui avait été servie en même temps qu'un petit vin de la région.

   Alors que Cylin s'apprêtait à gagner la chambre qu'elle avait déjà payée au tenancier de l'auberge, elle s'aperçut qu'un des soldats Meruviens la regardait avec insistance. L'homme, un capitaine de l'armée à en voir ses vêtements militaires, lui fit un petit signe amical auquel la fille de Themwyel répondit par un sourire mesuré. Enhardi par l'expression relativement bienveillante qui se dessinait sur le visage de la soeur de Wyglen, l'homme se leva de table et s'avança vers celle de la jeune Elfe. Arrivé à hauteur de cette dernière, il lui dit :

   - Me permettrez-vous de me joindre à vous, il me semble que vous êtes nouvelle dans la cité et peut-être pourrai-je vous être de quelque utilité ?

   Quelque peu étonnée, Cylin regarda le militaire. Celui-ci était bel homme, grand et bien bâti, il devait avoir trente à trente-cinq ans et un large sourire rassurant éclairait son visage.

   Immédiatement, la fille de Temwyel comprit les avantages qu'elle pourrait retirer de pareille rencontre. Peut-être cela l'aiderait-elle à retrouver la trace de son frère. Ce fut donc avec un sourire plus appuyé que Cylin désigna le siège qui lui faisait face et dit :

   - Je vous en prie, asseyez-vous.

   Le Méruvien ne se fit pas prier d'avantage et prit place à la table qu'occupait la jeune Elfe. Aussitôt, il engagea la conversation :

   - Pardonnez-moi, dit-il, mon nom est Marcus, responsable en second de la garnison méruvienne à Rochegrise. Il est rare de voir une aussi jeune et jolie Elfe dans les environs du bourg et c'est pourquoi je me permets d'ainsi vous interpeller et d'éventuellement vous offrir toute aide dont vous pourriez avoir besoin.

   Se souvenant du nom par lequel elle s'était présentée au capitaine Bertrand d'Ixos, Cylin répondit :

   - Je m'appelle Ellaeel et je suis la fille d'un marchand de la tribu des… Maleel-aels. Mon père m'a envoyée ici dans le but de faire de la prospection parmi les commerçants de la région. Nous aimerions pouvoir apporter jusqu'ici les excellents produits de nos villages et voir en retour ce que cette région pourrait apporter de neuf à nos tribus.

   - Je vois que les longs voyages ne vous effrayent point, répondit le capitaine Marcus et il est remarquable de voir l'aide que vous voulez apporter à votre tribu. Vous êtes jeune et très jolie, vous auriez pu choisir une vie plus calme, vous reposant sur les épaules d'un époux aimant.

   Un léger rose teinta les joues très blanches de la jeune Elfe. Marcus poursuivit :

   - Vous avez de la chance. Il se fait que je suis proche du gouverneur Renaud de Rochegrise et si vous le désirez, je pourrai vous introduire à la cour du palais et vous mettre en rapport avec les plus hautes autorités du bourg auxquelles vous pourrez faire vos offres et présenter l'une ou l'autre doléance.

   En voyant le regard pour le moins admiratif que le capitaine lui portait, Cylin comprit que cet homme allait sans doute lui être d'une aide inestimable dans la recherche de son frère wyglen. Elle répondit :

   - Messire, c'est un grand honneur que vous me faites et j'accepte bien volontiers l'aide que vous voulez m'apporter.

   Le capitaine Marcus commanda du vin et, tout en buvant et en riant, les deux jeunes gens continuèrent leur discussion qui bientôt porta sur différents événements de la politique de Meruvia. Un peu plus tard, légèrement enivrée, Cylin prenait congé du capitaine et rejoignait sa chambre en haut de l'auberge.

   Le lendemain matin, sa toilette terminée, la fille de Temwyel achevait de s'habiller lorsqu'on frappa à sa porte. C'était le capitaine Marcus qui, déjà levé depuis près de deux heures, venait chercher Cylin pour la conduire au palais du gouverneur Renaud.

   - Pardonnez une visite aussi matinale, dit -il à la jeune Elfe, il se fait que j'ai rencontré le gouverneur de bon matin et il a accepté de vous rencontrer. Vous et moi sommes invités à la mi-journée au palais où nous serons reçus pour déjeuner. En attendant, que diriez-vous de passer la matinée en ma compagnie ? Je vous ferai visiter le bourg ainsi que le parc du centre de la cité où s'élève une grande statue du dieu Nélos.

   Cylin accepta bien volontiers l'invitation du capitaine et bientôt les deux jeunes gens rejoignaient un très grand parc où de nombreux bancs offraient aux passants un moment de quiétude et de repos. Un peu plus loin, posée sur un socle volumineux, une statue de marbre blanc de plusieurs mètres de hauteur s'élevait droite et majestueuse. Le dieu Nélos, le bras droit tendu vers l'avant et main ouverte la paume vers le bas en père protecteur, semblait veiller sur le bien-être de ses enfants. Invitant la fille de Temwyel à prendre place à ses côtés sur un banc entouré de plusieurs parterres de fleurs odorantes, le capitaine Marcus lui dit :

   - Je n'ai pas encore eu l'occasion de vous en parler jusqu'à présent mais figurez-vous qu'un Elfe est venu à Rochegrise il y a quelque temps et a voulu attenter à la vie de mon supérieur le capitaine Aetius qui commande le détachement d'Ixos ainsi qu'à celle d'une jeune Méruvienne qui l'accompagnait.

   En entendant ces mots, Cylin ressentit un léger frémissement lui parcourir le dos. A n'en point douter, Marcus parlait de son frère Wyglen. Feignant l'étonnement, elle répondit :

   - Un Elfe, dites-vous !? Pourquoi par Ellen un Elfe serait-il venu à Rochegrise pour vouloir tuer deux Méruviens, un règlement de comptes sans doute ?

   - Nous pensons plutôt qu'il s'agit d'une affaire plus sérieuse, politique peut-être. En tout cas l'assaillant ne nous a pas encore révélé tout ce que nous voulons savoir mais il se remet petit-à -petit et bientôt nous connaîtrons le fin mot de cette affaire.

   - Ah, répondit Cylin, il n'est donc pas... mort ?

   - Non mais il a été grièvement blessé et un moment nous avons pensé que le dieu des Enfers allait l'emmener avec lui. Les médecins du gouverneur on réussi l'exploit de le maintenir en vie et maintenant il est sans doute tiré d'affaire et pratiquement apte à parler.

   - Savez vous de quelle tribu est-il ? Ce ne peut pas être un membre de ma tribu, les Sedes-odaï, je serais certainement au fait de cette histoire.

   - Non, pas du tout, la jeune femme qui a échappé à l'attentat l'a reconnu comme un membre de la tribu des Tes-elwens. Elle le connaissait, paraît-il, elle nous a donné son nom, il s'agirait d'un certain Wyglen.

   - Et cette femme... l'amie du capitaine Aetius, comment connaissait-elle son agresseur, était-ce une résidente de Rochegrise ?

   - Non, elle venait d'Ixos et elle a très vite quitté le bourg pour se rendre dans le pays des Gobelins, je crois.

   Cylin réfléchissait. Anisi donc à n'en point douter, cette femme ne devait être que Roswyn. Si maintenant Celle-ci s'était dirigée vers le pays gobelin c'était très certainement pour partir à la recherche du collier d'Ellen. La Méruvienne devait sans doute être accompagnée de l'Elfe de la tribu des Sedes-odaï, cet Elwyn qui la suivait dans toutes ses pérégrinations. En tout cas, la fille de Themwyel venait d'apprendre que son frère était toujours en vie et qu'il se remettait de ses blessures. Si cela la rassurait grandement, elle se demandait maintenant comment allait-elle pouvoir rencontrer Wyglen et le faire sortir de Rochegrise ?

 

*   *   *

 

   Eleonor était sur le point de rentrer à Ixos, venant du village des Sedes-odaï où elle avait rencontré Ellawen et Aethelwyn. Le vieux druide avait reçu la jeune femme à bras ouverts et ensemble, s'étaient remémorés la captivité que le frère d'Ellawen avait dû supporter à Cinaxa. Ayant appris que Bertrand avait été sommé d'épouser Blanche, la fille du gouverneur Theodorus de Sirgonia, Aethelwyn en fut désolé pour Eleonor mais il fit comprendre à la jeune femme que le fils de Manon ne faisait que payer toutes les légèretés avec lesquelles il se comportait habituellement, fusse dans sa vie au sein de l'armée, fusse dans sa vie amoureuse.

   - Mais ne vous inquiétez pas outre mesure, avait ajouté le vieil Elfe, s'il vous aime réellement, ce mariage ne sera pour lui qu'un moyen de s'assurer une bonne position dans l'Alliance du Nord et je suis certain que vous pourrez continuer à vivre votre amour sans entraves.

   Bientôt, les hautes murailles d'Ixos apparurent dans le lointain. Eleonor dirigea sa monture en direction de la porte Est que maintenant elle pouvait déjà apercevoir. A ce moment, la jeune femme vit au loin, venant de l'Est, deux cavaliers se diriger vers elle à toute allure. Eleonor sourit.

   - Allons donc, se dit-elle tout heureuse, Bertrand n'aura pu attendre mon retour dans la cité et sans doute le voici certainement accompagné d'Enoch qui vient à ma rencontre !

   La fille de Gildic fit alors stopper son cheval lancé en pleine course et attendit en regardant dans leur direction, de pouvoir reconnaître les deux cavaliers qui se rapprochaient d'elle au galop.

   Bientôt, le sourire qui éclairait le visage de l'amie de Bertrand se mua en une amère grimace. En effet, stupéfaite et tout étonnée, Eléonor venait de reconnaître l'homme qu'elle haïssait le plus.

   - Par la déesse Aziza... Elmadj... c'est Elmadj le fourbe !?

   Voulant s'enfuir rapidement, la jeune femme cria et, de ses pieds frappa les flancs de sa monture. Celle-ci, effrayée par la réaction brutale d'Eleonor, se cabra et fit tomber sa cavalière. L'amie de Bertrand n'eut pas le temps de se redresser que déjà Elmadj et son homme de main étaient sur elle. N'ayant pas eu le temps de se saisir d'aucune de ses armes, la fille de Gildric fut aussitôt maîtrisée, entravée, et jetée sans ménagement sur le ventre en travers d'un des deux chevaux. Elmadj, un large sourire de satisfaction affiché sur sa figure, abattit la paume de sa main droite sur les fesses d'Eleonor en lui disant :

 

   - En route jeune fille. Ton père va être heureux de te revoir ah ah ah !

 

 

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