Au sud de la cité de Khal-maresh, les Orques avaient entrepris un énorme chantier de construction de machines de guerre. En effet, le commandant Braniek était convaincu qu'il ne devait pas attendre une invasion de ses terres par les armées méruviennes mais qu'au contraire, il devait lui-même passer le premier à l'action afin de créer un effet de surprise et tâcher de prendre de court le duc de Roncenoir qui préparait de grandes fêtes dans sa capitale Ethyria.

   Braniek s'était mis en tête d'attaquer le royaume sur deux fronts. D'un côté il enverrait ses machines de guerre pour prendre d'assaut le château de Roncenoir au Sud de l'Orcie et d'autre part il pensait s'emparer de la petite cité de Rochegrise à l'Ouest, qu'il savait peu défendue. Pour cette dernière, il longerait tout le versant Sud de la chaîne de Nordeloor, en passant loin au nord de la cité de Sirgonia et poursuivrait vers l'Ouest jusqu'au nord du bourg de Rochegrise. A partir de là, il descendrait rapidement vers le sud et s'abattrait tout en surprise sur ce dernier qui, selon le commandant, devrait tomber sans coup férir, ou presque.

   Bien entendu, les machines de guerre ne seraient pas terminées avant un certain temps mais Braniek avait appris qu'il entrait dans les intentions du duc de Roncenoir d'épouser une jeune femme de la noblesse du royaume. Les festivités à Ethyria devraient donc se poursuivre encore pendant plusieurs semaines après le mariage, ce qui laisserait le temps aux Orques de préparer leurs attaques et ainsi surprendre les armées du faux-roi.

   Braniek avait une demi-soeur. Celle-ci, prénommée Oumma, était le fruit des amours extra-conjugaux de Gurlash, le père de Braniek, avec une fille de l'un de ses officiers. Oumma n'était ni belle ni laide. Plutôt de grande taille, et dotée d'un corps de guerrier, cette Orque possédait ce que bien des hommes de Khal-maresh lui enviaient; un grand courage au combat, une volonté à toute épreuve, ainsi qu'un charisme exceptionnel. Quand elle s'adressait à quelqu'un, on ne pouvait que reconnaître la justesse de ses propos et de son raisonnement. Toutes ces qualités lui avaient permis de s'élever rapidement au dessus de tous les lieutenants de Braniek mais malgré cela, celui-ci avait toujours hésité à lui décerner le titre de ''second'' à la place de Gurlek. Ce dernier d'ailleurs, d'une ambition démesurée, se voyait souvent à la tête du pays à la place de Braniek avec cette jeune Orque au caractère très fort à ses côtés mais celle-ci avait toujours dédaigné les avances de Gurlek, certaine qu'il était trop intéressé par le pouvoir.

   Le commandant donc, reconnaissant les énormes capacités de sa demi-soeur, l'avait nommée responsable du chantier où allait se construire des machines d'assaut et de siège jusqu'à présent jamais encore égalées dans tout le pays des Orques. Oumma se trouvait ainsi à la tête d'une centaine d'ouvriers de toute formation; charpentiers, ferrailleurs, forgerons et manoeuvres, tous obéissant au doigt et à l'oeil au moindre commandement de la redoutable Orque.

   Le shaman Turok, avec deux de ses assistants, travaillait de concert avec la demi-soeur de Braniek en s'occupant principalement de la bonne exécution des plans et des dessins des machines à construire.

   La jeune Orque avait elle-même choisi l'emplacement du chantier. Placé très en retrait d'un des cols qui permettait l'accès vers l'Orcie, l'imposant lieu de travail, déjà à l'abri parmi les hautes montagnes du versant Nord de la Chaîne de Nordeloor, avait également été protégé par d'imposantes murailles de bois, et le tout l'empêchait totalement d'être aperçu de n'importe quel endroit du chemin menant au col. En outre, pour une ultime précaution, Braniek avait disposé deux cents hommes tout le long du col, empêchant ainsi toute visite inattendue provenant du royaume de Meruvia. 

   Contrairement aux deux frères de Braniek, Rhoar et Varok, qui avaient voulu faire assassiner leur aîné et avaient payé ce crime de leur vie, Oumma était d'une fidélité sans faille envers le commandant et l'aidait avec beaucoup de compétence dans l'exécution des tâches se rapportant à la gestion des affaires du pays. C'est ainsi qu'elle avait conseillé à son frère, contrairement aux idées de Gurlek, de ne pas s'emparer de prime abord du pays des Nains, ce qui aurait eu pour effet d'attirer l'attention du duc de Roncenoir sur les velléités expansionnistes des Orques et aurait provoqué une réaction immédiate des armées méruviennes. Cette idée fut donc abandonnée et Braniek décida de préparer une attaque surprise sur le château de Roncenoir et sur le nord des Collines de Rochegrise.

   Gurlek, qui n'abandonnait pas l'idée qu'Oumma deviendrait un jour sa femme, vint la trouver en plein travail sur le chantier alors qu'elle dirigeait un groupe de charpentiers dans l'élaboration de la base d'une tour d'assaut.

   - Chère Oumma ! Tu n'arrêtes donc jamais de travailler... Quand je vois l'ardeur que tu mets à faire construire ces machines ainsi que l'admiration que te vouent tes ouvriers, je me dis que tu serais bien plus à ta place à la tête du pays que ton frère gouverne avec une certaine nonchalance qui ne sied pas à un vrai commandant !

   L'interpellée se retourna et apercevant le second de Braniek à quelques pas d'elle, répondit avec un petit sourire moqueur :

   - Gurlek... Toujours aussi critique... Je ne sais pas pourquoi mon frère ne t'as pas encore fait jeter en pâture à un smilodon, que viens-tu faire ici ?

   Ignorant la moquerie, le second de Braniek répondit :

   - Rien de spécial, j'aime te regarder commander et donner des instructions à tes ouvriers, mais je pense qu'il te faut également prendre un peu de bon temps. Viens donc ce soir à l'Auberge de l'Ours, nous boirons quelques pintes de bière en discutant de ces nouvelles armes de siège.

   - C'est vrai que cela me ferait du bien de temps en temps de me divertir et boire quelques bières, même en ta compagnie, pourquoi pas ? Pour autant bien entendu que tu ne termines pas la soirée en parlant de Braniek ni de mariage...

   Gurlek se mit à rire bruyamment et répondit :

   - C'est promis. A ce soir à l'auberge donc !

 

*   *   *


 

   Dans le palais royal à Ethyria régnait une agitation inhabituelle. On préparait une grande réception qui allait avoir lieu dans trois jours et lors de laquelle seraient présentées au duc, les plus belles jeunes filles du royaume, toutes issues de la noblesse ou des familles occupant de hautes fonctions en Meruvia.

   La salle de réception, qui se préparait à accueillir plus de deux cents personnes, avait été nettoyée de fond en comble et les tables arrangées dans un ordre rigoureux. Le personnel domestique avait été trié sur le volet car le duc, au fait de son impopularité dans le royaume, voulait absolument éviter tout attentat pouvant survenir à l'intérieur du palais le jour de la fête.

   Récemment, la garde de la ville avait été doublée et des instructions spéciales données aux chefs de patrouilles pour s'assurer qu'aucun élément perturbateur ne puisse passer outre les points de contrôle.

   Le capitaine Hubert, certainement l'officier le plus fidèle de Norbert de Roncenoir, s'occupait personnellement de choisir les hommes qui seraient affectés aux patrouilles en ville, les gardes du palais étant dévoués corps et âme au faux-roi.

   Quelque temps auparavant, le commandant Valère, chef des armées, avait été nommé au poste de général en chef. Son second, le capitaine Hubert, qui devait en principe passer par lui pour tout rapport concernant ce qui se passait en ville et en dehors de la ville, avait récemment, reçu du duc, l'instruction de d'abord le mettre en premier au fait de tous les renseignements sensibles qu'il aurait pu recueillir. Cette grande confiance, accordée par Norbert à son capitaine de la garde enorgueillissait celui-ci et, quelquefois il ne se privait pas de passer outre l'une ou l'autre demande du général et d'exécuter l'un ou l'autre ordre reçu de la manière qui lui convenait le mieux.

   Un jour, le duc fit appeler Hubert et lui dit :

   - Ainsi, tu penses donc que la princesse Edwyna et le druide Aethelwyn auraient rejoint le village des Sedes-odaï et que c'est là que nous pourrions la trouver ?

   - Oui Sire, quand je me suis aperçu que la cabane de l'Elfe était vide et ayant constaté que la princesse y avait séjourné, je me suis aussitôt dit qu'ils avaient rejoint la tribu du centre de la Forêt des Blanpeaux !

   Norbert réfléchissait. Après un instant il répondit à son capitaine :

   - Nous n'avons pas le temps d'intervenir avant la réception que nous offrons dans trois jours mais nous le ferons aussitôt après. Je te demanderai de penser à un plan d'action pour nous emparer de la princesse car nous ne pouvons pas nous permettre d'attaquer le village et nous mettre ainsi toutes les tribus elfes sur le dos. Je m'en remets donc à toi pour m'amener ici et enchaînée, la dernière descendante du roi Ethan. Je ne dois pas te dire que ceci doit rester totalement secret, même le général Valère doit ignorer notre conversation.

   Tout en jubilant, Hubert répondit :

   - N'ayez crainte Sire, une fois entre nos mains je ferai passer la princesse pour la soeur du traître Bertand en les accusant tous les deux de rébellion contre le roi et de trahison envers l'empire. Le peuple d'Ethyria, ignorant que Edwyna et cette Roswyn ne sont qu'une seule et même personne, n'y verra que du feu.

   Norbert de Roncenoir, satisfait des explications du capitaine, pouvait donc en toute sérénité se préparer à choisir sa future épouse.

   Un matin, le navire transportant l'ambassadrice de Cinaxa faisait son entrée dans le port de Suthéria. La jeune Eléonor, fille du gouverneur de la capitale de l'île de Phaéton en descendit, accompagnée du grand trésorier Gaëtan. A leur grande surprise, il furent retenus quelques instants par la garde du port pendant que des soldats fouillaient complètement le navire. Un officier, quelque peu embarrassé, s'expliqua à l'ambassadrice : 

   - Madame, veuillez nous excuser... La capitale s'apprête à vivre une grande journée de réjouissances et les ordres sont de redoubler de vigilance en ce qui concerne toutes les entrées et sorties du port !

   - Je comprends, répondit la fille de Gildric, veuillez cependant faire prévenir le roi que l'ambassadrice de Cinaxa, demande audience auprès de sa Majesté pour affaires concernant les intérêts de nos deux capitales.

   - Cela sera fait sur le champ madame, répondit l'officier. Mais en attendant la réponse du Palais, permettez-moi de vous faire conduire dans la meilleure auberge du port qui, rassurez-vous n'est réservée qu'aux hôtes de marque. Vous pourrez y prendre un succulent repas et vous y reposer à loisir. Je vous ferai immédiatement mander dès que des nouvelles arriveront d'Ethyria.

   Les nouvelles n'arrivèrent que le lendemain. Apparemment, le duc peut pressé de recevoir un ambassadeur alors qu'il ne pensait qu'à son mariage, ne s'était pas gêné de faire attendre la jeune femme toute une journée et toute une nuit avant de consentir à la recevoir au palais.

   L'officier qui avait reçu Eléonor la veille se présenta à l'Auberge de Suthéria où il avait fait installer la jeune fille et se confondit en excuses quant au retard occasionné par les préparatifs de la fête.

   - Madame, dit-il à la fille de Gildric, le roi vous fait dire de bien vouloir lui pardonner ce retard, les festivités qui auront lieu dans deux jours ont pris tout son temps mais il me demande de vous faire conduire à lui sans délai afin de vous recevoir.

   Un peu étonnée, la jeune fille demanda :

   - Pardonnez ma curiosité mais quelles sont donc ces fêtes qui semblent autant faire vibrer la capitale tout entière ?

   Après avoir expliqué à Eléonor l'intention du roi de prendre épouse et que celle-ci serait choisie parmi les plus belles jeunes filles du royaume, l'officier la fit directement conduire au palais, accompagnée du grand-trésorier Gaëtan.

   Le duc reçu Eléonor dans la salle des audiences. Il avait été averti que l'ambassadrice de Cinaxa était une femme mais jamais il ne se serait douté que celle-ci fut une jeune fille, il s'attendait plutôt à recevoir une dame d'âge mûr pouvant exercer cette charge. Dès que la fille de Gildric s'approcha de lui, le duc fut frappé par la jeunesse et surtout par la beauté d'Eléonor.

   Un long moment subjugué par la resplendissante créature à la peau  bronzée et aux longs cheveux noirs qui se tenait devant lui, Norbert se décida enfin à ouvrir la bouche. 

   - Madame... Pardonnez mon étonnement... Je pensais recevoir une ambassadrice bien plus âgée que vous et non une aussi charmante jeune femme !

   Les joues d'Eléonor se tintèrent de rose mais elle parvint néanmoins à soutenir le regard du roi et de lui répondre :

   - Sire, vous me flattez... J'ai appris que vous recherchiez une épouse parmi les jeunes filles du royaume et je ne doute pas que vous trouverez celle qui saura faire votre bonheur.

   Sans répondre à Eléonor, le duc continuait à dévisager la fille du gouverneur Gildric comme pour mieux s'imprégner de l'image de la merveille se tenant devant lui. Ce regard insistant eut pour effet de gêner quelque peu la jeune femme mais finalement, on en vint au but de la visite de l'ambassadrice à Ethyria.

   Norbert, complètement sous le charme d'Eléonor, accepta un compromis commercial qui avantageait beaucoup Cinaxa. Les grands trésoriers des deux capitales se rencontrèrent par la suite pour fixer les modalités de l'accord proposé par le roi et accepté par la fille de Gildric.


   Un peu plus tard, le duc de Roncenoir entretenait l'ambassadrice en ces termes :

   - Damoiselle Eléonor, si le temps ne vous est pas compté, vous me feriez grand plaisir de bien vouloir assister à la table du roi, à la réception qui sera organisée après-demain au palais. Nous avons ici même une suite réservée aux hôtes de marque que je mettrai très volontiers à votre disposition ainsi qu'une dame de compagnie qui sera affectée à votre service le temps de votre séjour ici. Notez en outre que pour ne point perdre de temps, je donne aujourd'hui ordre de faire immédiatement remplir les citernes à destination de Cinaxa et que les navires aussitôt chargés mettront dès ce soir le cap vers la capitale de Phaéton.

   Après quelques instants de réflexion et assurée que les citernes d'eau potables partiraient le soir même, la jeune fille accepta l'invitation du duc.

   A la nuit tombante, ils dînaient en tête-à-tête dans les appartements privés du duc. Celui-ci se montra d'une extrême galanterie et les conversations portèrent principalement sur les problèmes de sécheresse qui préoccupaient les responsables et les habitants du gouvernorat de Cinaxa. Par la suite, poliment, mais avec des intentions intéressées, Norbert s'enquit auprès d'Eléonor de la santé de son père et essaya d'en connaître un peu plus sur les hauts personnages qui formaient le gouvernement. Bien que mal placé lui-même pour faire une telle remarque, le faux-roi reprocha néanmoins à la jeune fille l'éviction plus ou moins révélée, du Conseil des Sept que le père de la jeune fille lui-même avait décidé, afin d'avoir les mains libres afin d'être le seul maître à gouverner. Non habituée à des rencontres d'aussi haut niveau, et un peu déroutée par les questions du duc, Eléonor ne put s'empêcher de dévoiler, sinon des secrets d'état, du moins quelques informations qui, bien que non de première importance, eurent malgré tout pour effet de satisfaire le duc.



*   *   *

 

   Le jour de la réception, Norbert de Roncenoir, le général Valère, le capitaine Hubert, ainsi que l'ambassadrice de Cinaxa dont le duc avait insisté pour qu'elle l'accompagnât, étaient rassemblés dans la salle du trône dans laquelle les invités s'apprêtaient à entrer après annonce de leur titre par le grand chambellan du Palais.

   En premier, entrèrent accompagnés de leurs épouses et de leurs filles, les gouverneurs de Sybaris, Sirgonia, Ixos, Rochegrise, Nélyth et Naryth. Après avoir salué le roi, les familles, guidées par des serviteurs du palais furent invitées à prendre place aux tables qui leur étaient destinées. Seul Willibert, le gouverneur de Sybaris, ville alliée indéfectible d'Ethyria, accompagné de son épouse Rosemonde et de leurs deux filles Théodora et Alix, eurent les honneurs de la table du roi.

   Suivirent un grand nombre de généraux, hauts-dignitaires ainsi que diverses personnalités du royaume accompagnés de leurs familles qui allèrent également s'installer aux tables qui leurs étaient proposées. Ces dernières, remplies de gibier, volailles, charcuteries diverses et gâteaux au miel et sur lesquelles étaient étalés les plus succulents fruits provenant de proches régions ensoleillées ainsi que des plus reculées, dénotaient une richesse et une opulence jamais étalées à ce jour.    

   Un excellent vin de Naxos fut servi aux convives. Quelques instants plus tard, une troupe de musiciens s'installa sur une estrade dans un coin de la salle et se mit à jouer des airs de musique populaire qui charma les invités. Un joyeux brouhaha remplit alors la salle tandis qu'à la table du roi, après présentation de l'ambassadrice de Cinaxa au gouverneur de Sybaris et à sa famille, les discussions portaient surtout sur des affaires politiques et commerciales.

   Théodora et Alix, les filles du gouverneur Willibert n'arrêtaient pas de regarder Eléonor du coin de l'oeil, se demandant sans doute que pouvait bien faire cette jeune femme de Phaéton à la table du roi. Dame Rosemonde, un peu grisée par l'odeur du vin se mit à vanter la beauté et les qualités de ses filles, ce qui ne sembla pas impressionner le duc mais qui néanmoins répondit poliment :

   - Charmantes... Dame Rosemonde, vos filles sont réellement charmantes...

   Bien que capable d'extrêmes brutalités à l'encontre de ses ennemis et la gent masculine en général, Norbert de Roncenoir savait se montrer parfaitement attentionné envers les dames.

   La soirée s'avançait et la fête battait son plein. Bientôt arriva l'instant où les pères allaient présenter leurs filles au roi. Pendant une heure, les plus belles jeunes femmes du royaume firent la révérence au maître d'Ethéria qui, pour la circonstance, avait quitté sa table et s'était installé sur un énorme siège de marbre blanc trônant au fond de la salle.    

   C'est ainsi qu'arrivèrent devant lui le gouverneur de Sirgonia Theodorus et son épouse Liliane, accompagnés de leur fille Blanche. Pour cette occasion , Théodorus avait fait sortir sa fille du temple d'Aziza où elle était confinée en lui assurant la liberté si jamais le duc jetait son dévolu sur elle. Il était certain que pour de hauts responsables du royaume, même s'ils détestaient Norbert de Roncenoir, voir une de leurs filles prendre pour titre ''Reine de Meruvia'' était devenu la principale obsession.

   Après quelques mots échangés avec le gouverneur, le duc complimenta la jeune fille pour sa beauté et sa prestance et lui assura qu'elle était une des plus jolies jeunes femmes de Meruvia qu'il lui ait été donné de rencontrer. Un large sourire apparut sur les lèvres de Theodorus qui se permit de rassurer le duc de sa parfaite loyauté à Ethyria.

   Le lendemain matin, quand tous les convives s'apprêtaient à partir après avoir passé une courte nuit, le duc affirma à ses invités que la nuit lui avait porté conseil et que d'ici quelques jours il ferait savoir à chacun le nom de la personne sur laquelle s'était porté son choix.

   Puis vint le moment où Eléonor s'apprêtait à rentrer à Cinaxa. Remerciant encore le roi pour la transaction qu'il avait acceptée et pour le très bel accueil qui lui avait été réservé, la jeune fille fut très surprise de s'entendre dire :

   - Douce Eléonor, j'ai passé de très agréables moments en votre compagnie et dès que je vous ai aperçue j'ai compris que vous et vous seule seriez l'élue de mon coeur. C'est pourquoi je vous demande... Que dis-je... Je vous supplie de bien vouloir me faire l'honneur d'accepter de devenir mon épouse et de porter avec moi la charge du royaume de Méruvia. 

   Eléonor resta silencieuse pendant un court instant. Devenir la reine de Meruvia était certainement le plus grand souhait de toutes les jeunes filles du royaume... En outre, le duc, malgré un visage généralement austère avec la plupart de ses interlocuteurs, était bel homme et très attentionné envers les dames. Elle pensa qu'elle-même, était en âge de prendre époux. D'autre part, son père devrait en retirer d'énormes avantages et cela serait profitable à l'île de Phaéton. Ce fut donc avec une joie contenue que la jeune femme s'entendit répondre :

   - Sire, vous me faites un grand honneur et je serai très honorée de devenir votre épouse. Pour l'instant je dois rentrer à Cinaxa et rendre compte à mon père des résultats de ma visite à Ethyria ainsi que de votre demande en mariage. Nul doute qu'il en sera très heureux lui aussi ! 

   - Revenez-moi vite, douce Eléonor. Dès votre retour je me ferai une joie d'annoncer au peuple de Meruvia tout entier que la plus belle des jeunes femmes du royaume a consenti à devenir ma reine !

 

 

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