07/05/2023 : Malheureusement, suite à un manque de financement et à des échéances prochaines impliquant de refaire TOUT le site en l'adaptant à une nouvelle plateforme pour pallier les risques croissants de sécurité, il est pour l'instant prévu que le site ferme prochainement ses portes...
 
13/06/2023 : Finalement, le site a été refinancé pour une nouvelle année complète. En l'état, il est fonctionnel mais notre hébergeur ne nous permet pas une mise à jour vers Joomla 4 ou php 8 (il a été racheté et n'est plus que l'ombre de lui-même...). Cela nous laisse cependant un peu de temps pour trouver une solution.

 

 
 

 

   Avant de prendre du service dans l'armée du duc, Bertrand demanda au bailli de pouvoir mettre sa mère Manon en sécurité en un lieu reculé d'Ilos et d'Ethyria. Ils en parlèrent avec Aron, l'ami de Jeanjean qui était resté très proche de la famille dès le décès de celui-ci. Aron proposa de conduire Manon dans la ville d'Ixos, au nord-est de Meruvia, où des membres de sa famille se chargeraient d'héberger la mère de Bertrand et d'assurer sa sécurité.

   Ce fût non sans une certaine émotion que la mère et le fils se séparèrent, Bertrand promettant à sa mère de lui donner régulièrement de ses nouvelles et autant que possible des nouvelles de Roswyn. Pour l'instant, Manon savait sa fille à l'abri chez le Blanpeau de la forêt de Nooren, ce fût donc l'esprit apaisé qu'elle prit le chemin d'Ixos en compagnie d'Aron. 

   Quelques jours plus tard, le bailli Aldebert présentait lui-même Bertrand au capitaine Hubert de la garde de ville à Ethyria. Celui-ci complimenta le fils de Manon de l'excellent travail qu'il avait déjà réalisé à Ilos.

   - Le bailli Aldebert me dit que l'on ne peut qu'être satisfait de tes services et j'en suis fort aise. J'ai besoin qu'une personne de caractère puisse conduire un petit groupe patrouiller en ville et en dehors de la ville. Tu auras dix soldats sous ton commandement, mais attention, ce ne sont pas des hommes faciles, la plupart d'entre-eux sont des têtes brûlées que tu devras mettre au pas. Le bailli m'assure que tu en es tout-à-fait capable, donc je te fais confiance dès cet instant. Une chose encore, ces hommes n'accepteront pas facilement d'être commandés par quelqu'un de plus jeune qu'eux, tu n'as que dix-huit ans je crois, ce sera donc à toi de ne pas tarder à t'imposer. Je vais maintenant te faire conduire dans le bâtiment de la garde qui se trouve un peu plus loin que le palais, là où tu prendras tes quartiers.

   Le bailli, s'adressant au capitaine Hubert, lui dit :

   - Tu as de la chance toi, tu acquiers un élément de valeur.

   Puis, faisant un clin d'oeil à Bertrand, il ajouta :

   - Tandis que moi j'en perds un. 

   Le lendemain tôt le matin, le fils de Manon faisait connaissance avec son petit groupe. Quelques-uns de ses hommes affichaient un sourire moqueur tandis que d'autres fixaient Bertrand de leurs yeux ébahis. C'étaient tous de grands et solides gaillard, à part deux d'entre-eux, les autres dépassaient Bertrand d'au moins une demi-tête. Le plus costaud de ceux-ci, un géant chauve qui semblait également le plus excité s'écria :

   - Regardez vous autres, on les prend au berceau maintenant pour effectuer un commandement... Ho gamin, continua-t-il en désignant l'épée de Bertrand, une bien belle arme que tu as là, tu sais t'en servir au moins ?

   Toisant l'homme du regard, le fils de Manon n'hésita pas à répondre :

   - Pas encore, dit-il en dégainant prestement son épée, mais tu vas m'apprendre, soldat.

   - Ho camarades, s'écria l'homme envers ses amis, voyez, le gamin veut une leçon et je vais la lui donner. En garde sergent.

   Le fer s'entrechoqua. A la puissance des coups du géant répondait l'habileté et la vitesse de Bertrand. Après quelques minutes d'un échange appuyé, le fils de Manon, d'une passe d'arme bien étudiée, faisait sauter de sa main l'épée de son adversaire et plaçait rapidement la pointe de sa propre arme sur la gorge du garde en lui disant :

   - Merci pour la leçon soldat, j'en prendrai encore une quand tu voudras.

   Les autres militaires qui jusqu'à présent criaient et lançaient des moqueries à l'endroit de Bertrand se turent subitement, ne laissant plus entendre à la place qu'un chuchotement indistinct.

   Le vaincu, tout penaud et essuyant une goutte de sang qui perlait de son cou, dit au fils de Manon :

   - Excusez-moi sergent, je ne pensais pas... Enfin, je veux dire, je n'ai jamais combattu avec un bretteur tel que vous.

   Puis se tournant vers ses camarades, il s'écria :

   - Hein vous autres, y'a pas meilleur que le sergent... Criez avec moi : Vive le sergent, vive notre chef !

   Et tous en choeur répondirent :

   - Vive le sergent, vive notre chef !

   Souriant, Bertrand dit alors au géant :

   - Dis-moi soldat, comment t'appelles-tu ?

   - Enoch, sergent, l'on me nomme Enoch.

   - Et bien Enoch, je crois que nous nous entendrons bien, lui répondit le frère de Roswyn.

   A partir de ce jour, le géant voua une admiration sans bornes à Bertrand. Toujours prêt à lui rendre un service quelconque, il lui expliqua les problèmes rencontrés par la garde de la ville et en particulier les histoires et racontars qui circulaient parmi les soldats. Le fils de Manon apprit ainsi qu'Enoch n'était pas un grand admirateur du duc mais qu'il s'était engagé dans l'armée parce qu'il ne savait rien faire d'autre et qu'il fallait bien nourrir la famille. Un jour, sans rien encore dévoiler de ses plans, Bertrand demanda à Enoch qui, parmi le groupe des dix soldats qui composaient son équipe étaient totalement dévoués au duc et l'avouaient publiquement. Le géant lui cita deux noms, lui assurant que les autres membres du groupe regrettaient l'époque du roi Ethan où la sagesse et la bonne gouvernance l'emportaient sur la brutalité et la mauvaise gestion du royaume.

   - Je suis moi-même devenu amer et brutal depuis que la royauté est passée au mains du duc, avoua-t-il à Bertrand.

   Le fils de Manon demanda alors à Enoch s'il connaissait deux soldats susceptibles de remplacer dans l'équipe les admirateurs de Norbert, et lorsque le géant lui assura que deux de ses amis n'attendaient qu'une occasion pour entrer dans le groupe, une idée germa dans l'esprit de Bertrand. Si, sous son commandement il pouvait avoir dix hommes de confiance, ce serait beaucoup moins dangereux pour lui de parvenir aux attentes du bailli. Il répondit à Enoch :

   - Nous tâcherons de remplacer ces hommes à la première occasion, je dois pouvoir compter sur le groupe en entier.

   - Méfiez-vous quand-même du capitaine Hubert, sergent, dit alors le géant, c'est une des âmes damnées du duc. Je le connais, il vous surveillera, ses espions parcourent toute la capitale.

   Un jour, le capitaine Hubert vint trouver Bertrand et lui dit :

   - Prends tes hommes et rends-toi au port dans le quartier de Suthéria, un navire est en approche, arrivant de l'île de Phaéton. On a appris que son capitaine transporte une cargaison d'orphia. Il s'agit d'une herbe aromatique qui, pilée et chauffée, produit des vapeurs euphorisantes. On l'appelle l'herbe-qui-rend-fou et celle-ci provoque des ravages parmi ceux qui en consomment au sein du peuple et de l'armée. Si tu découvres une telle cargaison dans ce navire je te donne carte blanche quant au sort à réserver à la canaille qui la transporte mais si tu le ramènes ici je le ferai pendre.

   A la nuit tombée, la petite troupe se dirigea vers le quai où le navire était en train d'accoster. Les rames furent relevées et les voiles abaissées. Un pont fut jeté pour relier le vaisseau au quai. Bertrand fit attendre ses hommes pendant une heure jusqu'à ce que les marins rentrent à l'intérieur et que plus rien ne bouge sur le navire. Un moment plus tard, deux hommes apparaissaient sur le pont du vaisseau et, armés chacun d'un arc, commencèrent à arpenter le navire de long en large pendant qu'à l'intérieur on entendait les bruits que faisaient des ouvriers qui s'activaient. Enoch dégaina un poignard et le montra au fils de Manon, attendant son approbation. Bertrand acquiesça d'un signe de tête mais plaça un index sur sa bouche pour demander le silence.

   Le géant s'avança alors précautionneusement à travers des caissons arrangés sur le pont puis, sortant de l'ombre et saisissant le premier garde d'une main puissante en la collant sur sa bouche, lui enfonça le couteau dans le cœur. L'homme s'affaissa sans un cri.

   Un instant plus tard, le second gardien subissait le même sort puis le groupe s'avança sans bruit vers le pont inférieur. Comme ils allaient passer une porte, Enoch retint le bras de Bertrand puis, désignant deux hommes, leur chuchota :

   - Vous deux, passez devant.

   Les deux gardes entrèrent craintivement dans une pièce où régnait une demi obscurité. Ils s'avancèrent quelque peu, cherchant à reconnaître l'endroit mais à ce moment un sifflement se fit entendre, rapide. Les deux hommes s'écroulèrent, une flèche plantée dans la gorge. Avant que les archers n'aient eu le temps de bander leur arc une seconde fois, Bertrand et le reste de sa troupe étaient sur eux, les pourfendant de leurs épées. L'attaque ne dura que quelques minutes, Enoch désignant alors le corps gisant à terre du capitaine du vaisseau.

   Le fils de Manon laissa les ouvriers et les marins s'enfuir en débandade tandis que le géant éventrait quelques-uns parmi plusieurs sacs arrangés dans la cale et enfonçant sa main dans l'un d'eux, dit à Bertrand :

   - Voilà l'orphia. Une belle prise, sergent. Puis, s'avançant vers le corps de ses deux compagnons morts, il ajouta avec un petit sourire à l'envers de son chef :

   - Malheureusement nous avons perdu deux hommes, nous allons devoir les remplacer, maintenant. 

 


 *   *   *

 

   Un soir, Bertrand regardait vers le palais du duc. Par derrière, s'élevait une haute tour noire que le fils de Manon supposât être le donjon qui abritait les prisons. Avec un pincement au cœur il pensa à Elisabeth qui certainement devait s'y trouver prisonnière. Bertrand se sentit mal, il ne pouvait rien faire pour l'instant, c'était encore trop tôt mais il jura par le dieu de la lumière Nélos de faire tout ce qu'il pourrait pour sortir de cet endroit la salvatrice de sa sœur Roswyn, cette femme plus que quiconque, méritait qu'on lui porte secours.

   Quelques semaines plus tard, après avoir reçu les félicitations du capitaine Hubert pour la réussite de la mission menée au port , Bertrand et ses hommes patrouillaient en ville. Le fils de Manon avait proposé au capitaine de remplacer les deux hommes tués lors du dernier combat par ceux que lui avait indiqués Enoch. Satisfait des résultats de son subordonné et après une courte prise de contact avec les nouveaux postulants, l'officier accepta la requête de Bertrand.

   Celui-ci était donc arrivé en trois semaines, c'était déjà un exploit en soit, à réunir un groupe de dix hommes en qui il pouvait avoir une totale confiance.

   C'est alors qu'il expliqua à Enoch qu'il désirait rencontrer le représentant de la guilde des marchands.

   - Ethiolas ? Mais bien entendu sergent, il habite sur le haut de la ville, je vais vous conduire à lui.

   Traversant les nombreuses ruelles qui montaient vers la demeure du commerçant, les deux hommes arrivèrent sur une petite place d'un côté de laquelle se dressait, plus imposante que toutes les autres habitations, une grosse bâtisse de plusieurs étages.

   - La guilde des marchand, dit alors Enoch.

   Bertrand se fit annoncer comme envoyé du bailli d'Ilos et demanda à voir maître Ethiolas. Après avoir dévisagé le fils de Manon pendant un court instant, un serviteur lui répondit poliment que le marchand était absent pour quelques jours, une affaire de la plus haute importance le retenant dans la ville de Sirgonia, à une centaine de lieues au nord-ouest d'Ethyria.

   - Ce n'est que partie remise, dit alors le fils de Manon au géant, nous reviendrons un peu plus tard mais en attendant nous ne perdrons pas de temps et allons tâcher de nous allier quelques autres amis.

   De l'autre côté de la place, un homme dissimulé derrière une échoppe, observait les déplacements de Bertrand et de son compagnon.

 

 

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